Myélogramme

Par |Publié le : 22 janvier 2025|Dernière mise à jour : 22 janvier 2025|8 min de lecture|

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Qu’est-ce qu’un myélogramme ?

Le myélogramme est l’examen médical qui consiste à analyser la moelle osseuse. La moelle osseuse est une substance particulière, située à l’intérieur des os du corps humain. Il est possible de distinguer deux types de moelle osseuse :

  • La moelle jaune est un tissu adipeux (graisseux). Elle prend le nom de moelle grise avec l’âge ;
  • La moelle rouge, encore appelé tissu hématopoïétique, renferme les cellules souches hématopoïétiques, qui sont les précurseurs de l’ensemble des cellules sanguines, à savoir :
    • Les globules rouges ou hématies ;
    • Les plaquettes sanguines essentielles pour la coagulation du sang ;
    • Les globules blancs de différents types (macrophages, lymphocytes, …).
moelle osseuse

La moelle rouge est présente chez l’adulte au niveau des os courts et plats (colonne vertébrale, crâne, côtes, sternum, bassin). Le myélogramme est l’examen médical qui vise à analyser la composition de la moelle rouge.

Dans quels cas est prescrit un myélogramme ? Les indications

Le myélogramme est un examen médical prescrit dans le diagnostic et le suivi des maladies du sang (hémopathies, malignes ou non) ou de la moelle osseuse. La prescription d’un myélogramme se retrouve notamment dans les circonstances suivantes :

  • La suspicion d’une maladie du sang ou de la moelle osseuse, comme les leucémies, la maladie de Vaquez ou les syndromes myélodysplasiques, … ;
  • Un bilan médical d’exploration suite à la découverte d’une anémie, d’une thrombopénie (diminution des plaquettes sanguines), d’une neutropénie (diminution des globules blancs du sang) ou face à une fièvre prolongée sans cause apparente ;
  • La recherche de métastases d’un cancer ;
  • Un bilan d’extension des lymphomes ;
  • Le suivi des patients atteints d’aplasie médullaire (raréfaction de la moelle osseuse) congénitale, après traitement immunosuppresseur.

Comme le prélèvement de moelle osseuse est un geste invasif, le myélogramme n’est pas un examen pratiqué couramment. Il est réservé à des situations bien particulières, le plus souvent après d’autres examens, comme des bilans sanguins ou des examens d’imagerie. Il est généralement prescrit à la demande d’un médecin spécialiste ou d’un service hospitalier.

Comment se déroule le prélèvement de moelle osseuse ?

Pour réaliser un myélogramme, il est nécessaire de prélever une petite quantité de moelle osseuse. Le prélèvement de moelle osseuse s’effectue avec un trocart (tige métallique pointue coulissant à l’intérieur d’une canule), sur lequel est adaptée une seringue pour aspirer la moelle osseuse.

Le prélèvement de moelle osseuse est réalisé au niveau des os suivants :

  • Le plus fréquemment la partie supérieure du sternum (manubrium sternal), l’un des os plats le plus riche en moelle osseuse et ce jusqu’à un âge avancé ;
  • La crête des os iliaques, notamment chez les enfants où le prélèvement au niveau du sternum est dangereux ;
  • L’épiphyse des os longs, comme la bosse tibiale chez les enfants ;
  • Une apophyse vertébrale (appendice des vertèbres).

Avant le prélèvement, une anesthésie locale est indispensable, de même qu’une désinfection cutanée de la zone de ponction. Un gaz médical (le MEOPA) peut être utilisé en soutien de l’anesthésie. Chez l’enfant, le prélèvement peut aussi être effectué sous anesthésie générale, à l’occasion d’une intervention pour un autre motif.

La ponction de moelle osseuse s’effectue en elle-même ne dure que quelques minutes. Une goutte de moelle osseuse est prélevée avec une première seringue. Une autre seringue est ensuite utilisée pour prélever plusieurs millilitres de moelle osseuse, qui sont répartis dans plusieurs tubes pour des analyses ultérieures si nécessaire.

La technique de prélèvement est douloureuse au moment de l’aspiration de la moelle osseuse. Mais elle reste bien tolérée par les patients, avec un très faible risque de complications :

  • Un risque hémorragique presque absent, même en cas de thrombopénie (taux réduit de plaquettes sanguines) ;
  • Des difficultés pour perforer l’os dans le cas de certaines maladies (risque de cassure du trocart) ;
  • Un risque infectieux minimisé par une désinfection cutanée adaptée.

Quelles sont les analyses du myélogramme ?

Une fois la moelle osseuse prélevée, le myélogramme correspond à la réalisation de plusieurs analyses sur la moelle osseuse :

  • Une analyse cytologique de la moelle osseuse au microscope ;
  • Des examens cytogénétiques (immunophénotypage des populations cellulaires médullaires, caryotype, techniques de biologie moléculaire) pour affiner le diagnostic de la maladie, étudier les chromosomes des cellules de la moelle ou rechercher des modifications génétiques ;
  • Des analyses complémentaires spécifiques, en fonction de l’indication du myélogramme, telles que des cultures cellulaires ou des examens bactériologiques (recherche de bactéries).

Pour l’analyse cytologique, une goutte de moelle est étalée sur une lame de microscope, selon une technique particulière dite en frottis, puis colorée avec des colorants spécifiques. En général, plusieurs frottis sont nécessaires pour chaque patient, afin d’effectuer les différentes analyses. L’analyse microscopique se déroule en deux temps :

  • Une première lecture rapide du frottis ;
  • Une seconde lecture approfondie pour établir le pourcentage des différentes populations de cellules médullaires.

La première lecture du frottis, effectuée à un faible grossissement du microscope, permet d’obtenir plusieurs résultats :

  • Une première estimation de la richesse de la moelle osseuse, cotée en 5 grades :
    • Le grade 0 pour une moelle presque sans cellules (aplasie médullaire) ;
    • Le grade 1 (moelle pauvre) ;
    • Le grade 2 (moelle normale) ;
    • Le grade 3 (moelle un peu trop riche) ;
    • Le grade 4 (moelle hyperplasique où les cellules sont tassées les unes sur les autres) ;
  • Le comptage des mégacaryocytes (cellules géantes précurseurs des plaquettes sanguines), avec 4 possibilités :
    • Une absence totale de mégacaryocytes dans le cas de l’aplasie médullaire ;
    • Une moelle pauvre en mégacaryocytes en dessous de 10-15 ;
    • Aux alentours de 50, une moelle normale ;
    • Au-dessus de 100, une moelle anormalement riche en mégacaryocytes ;
  • La recherche d’éventuels amas de cellules, indiquant des anomalies dans les proportions relatives des différents types de cellules de la moelle osseuse ;
  • La recherche de cellules non hématopoïétiques (cellules graisseuses, cellules osseuses) ou de cellules étrangères à la moelle osseuse, ayant contaminé le prélèvement (cellules de la peau par exemple) ;
  • La recherche de cellules métastatiques.

Au terme de cette première lecture rapide, le biologiste choisit le meilleur endroit du frottis pour la seconde étape de l’analyse. Pour la seconde lecture approfondie du frottis, le biologiste établit le pourcentage des différentes lignées de cellules médullaires, après comptage d’au moins 200 cellules. Les proportions relatives des différentes populations de cellules de la moelle osseuse sont nécessaires pour analyser et interpréter le myélogramme.

Quels résultats pour le myélogramme ?

A l’issue des analyses effectuées sur le prélèvement de moelle osseuse, le biologiste rédige le compte-rendu du myélogramme, qui doit comporter l’ensemble des éléments suivants :

  • L’identification du patient ;
  • Le siège de la ponction de moelle osseuse ;
  • L’appréciation de la dureté de l’os ponctionné ;
  • La cotation de la richesse de la moelle osseuse (de 0 à 4) ;
  • Le nombre absolu de mégacaryocytes ;
  • Les pourcentages des différentes lignées de cellules médullaires ;
  • La présence d’amas de cellules ou de cellules anormales ;
  • Des commentaires particuliers sur d’éventuelles anomalies morphologiques ;
  • La conclusion du biologiste.

Le myélogramme considéré comme normal est effectué sans difficulté de pénétration dans l’os pour ponctionner la moelle osseuse. La richesse de la moelle est entre 2 et 3. Le nombre de mégacaryocytes avoisine les 50. La moelle osseuse présente un équilibre entre les 3 lignées cellulaires :

  • La lignée granuleuse : 60 % (plus ou moins 10 %), de laquelle dérivent les différents types de globules blancs ;
  • La lignée érythroblastique : 25 % (plus ou moins 5 %), qui aboutit aux globules rouges du sang;
  • Les lignées non granuleuses : 15 % (plus ou moins 5 %), d’où vont dériver les plaquettes sanguines.

Au sein de chaque lignée cellulaire, différents types de cellules peuvent être retrouvés, témoignant du degré de maturation de ces cellules, des cellules souches précurseurs jusqu’aux cellules sanguines matures. Dans une moelle normale, l’évolution de chaque lignée cellulaire doit être harmonieuse.

Lorsque le myélogramme ne correspond pas à celui d’une moelle osseuse normale, le médecin peut, à partir des signes cliniques du patient et des différents résultats d’analyses, établir le diagnostic d’un certain nombre de maladies du sang ou de la moelle osseuse. Parfois, des examens complémentaires peuvent être nécessaires pour confirmer ou préciser le diagnostic, notamment une biopsie de moelle osseuse.

Sources
– V. Baccini et G. Sébahoun. Cytologie et histologie médullaires. . www.em-consulte.com. Consulté le 06 janvier 2025.
– CH de Niort. Myélogramme. 16 septembre 2022. . www.ch-niort.fr. Consulté le 06 janvier 2025.

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Estelle B.
Pharmacienne
Pharmacienne Spécialiste de l'information médicale et de l'éducation thérapeutique du patient. Passionnée par les domaines de la santé et de l'environnement marin. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.