Corticothérapie


Rédigé par Charline D. et publié le 29 janvier 2020

Une corticothérapie est un traitement à base de corticoïdes. Rappelons qu’il existe des cortidoïdes endogènes qui sont des hormones produites par l’organisme à partir du cholestérol au niveau des glandes surrénales. Les corticoïdes sont utilisés pour leurs propriétés anti-inflammatoires, immunosuppressives et antiallergiques dans beaucoup de pathologies (asthme, maladie de Crohn, maladie de Horton, etc.). Les corticoïdes peuvent également être utilisés en traitement adjuvant de certaines chimiothérapies, ou en cas de transplantation d’organe. Idéalement, ces traitements doivent être utilisés à la dose minimale efficace, et pendant une durée courte pour limiter les effets indésirables.

Qu’est-ce qu’une corticothérapie ?

Les corticoïdes naturels

Le terme « corticoïde » est en réalité la contraction du terme « corticostéroïde » qui désigne les hormones synthétisées par les glandes surrénales à partir du cholestérol.

Tout être humain compte 2 glandes surrénales (de forme pyramidale) localisées au-dessus des reins. Elles sont constituées de deux parties :

  • La partie médullaire, la plus interne qui sécrète des hormones, par exemple l’adrénaline impliquée dans diverses fonctions de l’organisme (pression artérielle, fréquence cardiaque, transpiration, etc.) ;
  • Le cortex, en périphérie qui sécrète également des hormones, notamment les corticostéroïdes (par exemple, le cortisol) et les minéralocorticoïdes (par exemple, l’aldostérone qui contrôle la pression artérielle).

Les glandes surrénales sont contrôlées par le cerveau, et plus précisément par l’hypothalamus via la production de deux autres hormones : la corticotropine ou CRH, et la vasopressine.  La présence de CRH et de vasopressine déclenche la sécrétion d’une nouvelle hormone (l’hormone adrénocorticotrope ou ACTH) par l’hypophyse qui stimule à son tour la production de corticostéroïdes par les glandes surrénales.

Les corticostéroïdes naturels ou synthétisés par l’organisme sont sécrétés selon un rythme circadien (pic matinal puis décroissance) à raison de 20 milligrammes par jour. Les corticoïdes naturels sont composés de deux principales hormones : l’aldostérone et le cortisol (aussi appelé hydrocortisone).

Les taux de corticostéroïdes sont régulés par l’organisme selon ses besoins. Les taux ont ainsi tendance à être plus élevés tôt le matin que tard dans la journée. Lorsque l’organisme subit un stress, une maladie ou autre, les taux de corticostéroïdes peuvent être très augmentés.

Les corticoïdes synthétiques

Les corticoïdes sont utilisés en thérapeutique depuis les années 1940. Ils sont essentiellement prescrits pour leurs propriétés anti-inflammatoires, immunosuppressive et antiallergique.

Ils sont prescrits selon deux modalités :

  • En traitement systémique, par voie orale. C’est l’utilisation la plus fréquente des corticoïdes. L’administration par voie intraveineuse en bolus (à forte dose) est également possible dans les situations d’urgence, après quelques jours, la voie orale prend le relai ;
  • En traitement local, avec de nombreuses voies d’administration possibles : la voie cutanée (on parle de dermocorticoïdes), les inhalations, les infiltrations, les instillations (oculaires, nasales ou auriculaires). Utiliser les corticoïdes en local permet de réduire les risques de complications et d’effets indésirables.

On différencie les corticothérapies courtes (quelques jours) des corticothérapies longues (plus de 3 mois). Un traitement court est mieux toléré, et nécessite moins de précautions.

Les effets secondaires des corticostéroïdes

Quels effets secondaires ?

Les corticoïdes ont des effets métaboliques sur :

  • Les nutriments. Ils possèdent un effet hyperglycémiant en augmentant la production de glucose dans le foie, et en diminuant sa consommation par l’organisme. L’augmentation de l’appétit peut entraîner une prise de poids rapide. Ils entraînent aussi une modification de la répartition des graisses, et peuvent être à l’origine d’une bosse dans le cou, par exemple ;
  • Les électrolytes. On parle d’effet minéralocorticoïde qui se traduit par une rétention d’eau, de sodium et une perte de potassium. Les taux de calcium et de phosphore peuvent aussi être diminués. La pression artérielle peut donc être impactée. Pour cela, il est conseillé de limiter la consommation de sel, et de mesurer régulièrement la pression artérielle.

Ils ont également des effets :

  • Hormonaux variables. La prolactine peut être diminuée, ce qui se traduit par une diminution de la lactation. Lorsque l’hormone de croissance est affectée, elle peut induire un ralentissement de la croissance chez les enfants et les adolescents ;
  • Sur l’estomac. Les corticoïdes peuvent entraîner une hypersécrétion gastrique, et augmenter le risque d’ulcère digestif. Pour limiter les maux d’estomac, il est préférable de ne pas prendre le traitement à jeun ;
  • Sur le système nerveux central. Les corticoïdes ont un effet orexigène (augmentation de (l’appétit). Ils peuvent aussi provoquer des troubles de l’humeur et du comportement (insomnie, euphorie, crise de colère) ;
  • Les effets cellulaires. Les corticoïdes augmentent les taux de globules rouges, de plaquettes et de polynucléaires neutrophiles.

Dans la majorité des cas, les complications, notamment l’ostéoporose et la fonte musculaire sont liées à la dose de corticoïde reçue. La meilleure des préventions reste l’utilisation de la plus petite dose efficace possible.

À savoir ! Il ne faut en aucun cas réduire les doses de corticoïde en cas de traitement d’attaque, ou accélérer la décroissance lors d’un traitement d’entretien, sans l’accord du médecin. Il existe, en effet, un risque important de résistance au traitement et/ou de rebond de la maladie nécessitant le maintien ou la reprise de dose élevée.

Quelles indications ?

Les corticoïdes ont trois effets thérapeutiques recherchés :

  • Un effet anti-inflammatoire. Les corticoïdes limitent les symptômes inflammatoires de plusieurs organes ou tissus (os, articulations, rein, peau, poumons, etc.). Cette action est symptomatique ;
  • Un effet antiallergique ;
  • Un effet immunosuppresseur. Les corticoïdes sont utilisés dans le traitement des maladies auto-immunes, et après une transplantation d’organe.

Les corticoïdes peuvent également faire partie d’un protocole de chimiothérapie ou être utilisés dans les traitements de substitution en cas d’insuffisance rénale.

Les indications de la corticothérapie sont extrêmement vastes :

  • Réactions allergiques (urticaire géant, choc anaphylactique, œdème de Quincke) ;
  • Réactions inflammatoires (œdème laryngé, œdème pulmonaire, œdème cérébral, choc septique, etc.) ;
  • Affections pulmonaires (asthme sévère, fibrose pulmonaire) ;
  • Maladies auto-immunes (lupus érythémateux disséminé, pemphiigus, hépatite chronique, anémie hémolytique, etc.) ;
  • Autres pathologies comme la maladie de Horton, le syndrome néphrotique, la maladie de Crohn, certains cancers et hémopathies.

À savoir ! Pour les sportifs, les corticoïdes peuvent induire une réaction positive aux tests anti-dopage.

Quelles contre-indications ?

Une corticothérapie est contre-indiquée en cas d’ostéoporose (maladie affectant les os) ou d’ostéonécrose aseptique (dégénérescence progressive des tissus osseux).

Les corticoïdes sont déconseillés chez les patients souffrant de :

  • Troubles oculaires comme une hypertension oculaire, un glaucome ou une cataracte ne doivent pas consommer de corticoïdes ;
  • Pathologies musculaires (par exemple l’amyotrophie ou la myopathie) ;
  • Maladies endocriniennes comme le syndrome de Cushing, une pathologie se traduisant par un taux élevé de cortisol.

Il faut éviter la corticothérapie en cas de diabète, d’hypertension artérielle, d’hypokaliémie (carence en potassium dans le sang) ou de rétention hydrosodée (ou rétention d’eau avec œdème).

À savoir ! En cas de troubles cutanés (apparition de rougeurs ou d’hématomes), il faut stopper la prise de corticoïde.

A noter ! Il n’existe pas de réelle contre-indication absolue pour les corticoïdes. Leur utilisation doit faire l’objet d’une réflexion avec la mise en balance des potentiels bénéfices et risques encourus.

Charline D., Docteur en pharmacie

– Présentation des glandes surrénales. LE MANUEL MSD. Consulté le 29 janvier 2020.
– La corticothérapie. INFOCANCER. Consulté le 29 janvier 2020.
– La corticothérapie. CHU TOULOUSE. Consulté le 29 janvier 2020.

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