Les maladies cardio-vasculaires constituent un problème de santé publique majeur. Elles sont toujours la première cause de mortalité chez les femmes en France. Leur taux progresse un peu plus chaque année et elles sont responsables de huit fois plus de décès que le cancer du sein. Cette augmentation constante peut s’expliquer par le fait que les femmes ont une vie de plus en plus comparable à celle des hommes notamment du point de vue de la consommation de tabac et d’alcool, facteurs de risque importants de maladies cardio-vasculaires, et pratiquent de moins en moins d’activité physique. Mais certaines professions exercées par les femmes les exposeraient aussi à un risque plus élevé de maladies cardio-vasculaires. Encore peu documenté, ce lien entre travail et risque accru de maladie cardio-vasculaire a fait récemment l’objet de plusieurs études mondiales.
Maladies cardio-vasculaires : Une inégalité dans les risques relevée au Japon
L’une de ces récentes études menée au Japon, a révélé que les personnes occupant des postes de direction ou des postes à responsabilité, quel que soit le secteur, courent un risque plus élevé de maladie cardio-vasculaire.
Plusieurs études à l’heure actuelle continuent d’explorer dans quelle mesure les facteurs de risques professionnels contribuent aux problèmes cardiaques. Elle fournissent déjà des résultats intéressants, grâce à d’innovantes méthodes de recherche.
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Une méthode d’étude innovante aux Etats-Unis
Les chercheurs de Philadelphie sont partis de données provenant de plus de 65 000 femmes ménopausées avec un âge moyen de 63 ans, issues de l’étude Women’s Health Initiative.
De ces données, ils ont pris en compte :
- Les facteurs de risque liés au mode de vie comme le tabagisme, le poids, l’absence d’activité physique, le type d’alimentation
- Les facteurs de risque cardio-vasculaires comme l’hypercholestérolémie, l’hypertension artérielle ou encore le diabète
Ils ont ensuite cherché les liens possibles entre l’état de santé cardio-vasculaire et les différentes professions. L’équipe a pour cela relevé 20 des professions les plus courantes parmi les participantes.
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L’activité professionnelle : un facteur de maladies cardio-vasculaires ?
Les chercheurs ont constaté que près de 13 % des femmes avaient une mauvaise santé cardiovasculaire dans cet échantillon. Un lien a été trouvé entre certaines professions et un risque plus élevé de maladie cardio-vasculaire.
Ainsi, le risque de développer une pathologie cardio-vasculaire serait majoré de :
- 36 % pour les travailleuses sociales
- 33 % pour les caissières
- 16 % pour les infirmières, psychiatres et aides-soignantes
A l’inverse, ce risque serait diminué de :
- 24 % pour les courtiers et les agents immobiliers
- 11 % pour les adjointes administratives
Ces résultats ne sont pas modifiés après prise en compte de données comme l’âge, le niveau de scolarité ou encore l’origine ethnique des participants.
Cette étude montre donc qu’il est important d’ajouter dans le tableau des facteurs de risque cardio-vasculaires le type d’activité professionnelle.
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Un coup de projecteur sur les professionnelles du social et de la santé
Les chercheurs ont constaté que ce sont les professionnelles du social et de la santé qui sont les plus touchées. Surprenant car on peut penser que ces femmes sont sans doute celles qui connaissent le mieux les facteurs de risque en santé cardiovasculaire.
Pour aller au-delà des premiers enseignements de ces études, il serait intéressant de dépasser les constats individuels et de mieux comprendre le contexte d’activité de ces emplois qui ont un impact négatif sur la santé cardiovasculaire des femmes afin de favoriser la prévention et le développement des soins de santé.
Déjà bien documenté pour certaines professions, nous savons par exemple que, indépendamment de l’âge, du sexe et des facteurs de risque traditionnels, le travail de nuit, le stress et l’anxiété augmentent les risques d’infarctus du myocarde, de coronaropathie et d’accidents vasculaires cérébraux.
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Juliette S. , Rédactrice scientifique
– Santé cardiaque de la femme : Encore trop d’inégalités dans la prise en charge et le suivi ! Fédération Française de cardiologie. Consulté le 4 décembre.