L’hypotonie est davantage un symptôme qu’une pathologie qui se traduit par un manque de tonus dans les muscles. Un tel trouble peut être en lien avec une atteinte soit musculaire, soit nerveuse (baisse de la capacité de réponse des muscles à des stimulations nerveuses), isolée ou dans le cadre d’une pathologie (par exemple suite à un AVC). Le diagnostic d’hypotonie musculaire peut être évoqué dès la naissance lors d’un premier examen, ou plus tard lorsque les symptômes se manifestent. La prise en charge d’une hypotonie est pluridisciplinaire et repose surtout sur le traitement des symptômes. L’essentiel de la prise en charge consiste à prévenir les complications et de lutter contre les déficiences.
Définition et symptômes
Qu’est-ce qu’une hypotonie ?
Une hypotonie est le terme médical employé pour parler d’une diminution du tonus musculaire, autrement dit de la force des muscles. Elle se traduit par une absence de mouvement, ou bien une résistance amoindrie au mouvement passif des articulations. Les muscles concernés répondent peu ou moins aux stimuli.
À savoir ! L’hypotonie s’oppose à l’hypertonie qui engendre à l’inverse une augmentation du tonus musculaire
Le mouvement volontaire est initié au niveau du cortex moteur. Les neurones (ou cellules nerveuses) impliqués transmettent l’information à ceux de la moelle épinière qui eux mêmes la redirigent vers la jonction neuromusculaire afin de déclencher la contraction musculaire. Ainsi, une hypotonie ou un déficit de tonus musculaire peut soit être d’origine nerveuse avec l’atteinte de l’une des structures véhiculant le message nerveux, soit musculaire.
L’hypotonie peut découler d’une pathologie du muscle (myopathie), une maladie du motoneurone dont la plus fréquente est l’amyotrophie spinale infantile précoce, une atteinte de la jonction neuromusculaire (myasthénie), ou plus exceptionnellement une pathologie des nerfs (neuropathie).
Sinon, l’hypotonie peut être d’origine médicamenteuse (neuroleptiques, anesthésiques, par exemple) ou en lien avec une pathologie d’origine génétique (Syndrome de Down ou trisomie 21).
On distingue plusieurs types d’hypotonie : axiale, pyélique (ou du rein), oculaire et enfin celle du nourrisson.
L’hypotonie axiale désigne l’atteinte d’un ou plusieurs muscles au niveau du tronc et la tête. Elle se traduit par des difficultés dans le maintien de la tête et de la position assise. Elle peut être chronique ou transitoire, à l’occasion d’une pathologie aiguë.
L’hypotonie pyélique concerne le rein, et plus particulièrement le bassinet rénal, la partie creuse du rein qui communique avec l’uretère. Ce type d’hypotonie est diagnostiqué lors d’une échographie.
Une hypotonie oculaire peut survenir lorsque la pression intraoculaire est très diminuée. Elle se traduit par une baisse de la vision. Elle est due essentiellement à un traumatisme ou parfois à une diminution de la production d’humeur aqueuse par le corps ciliaire en réponse à une inflammation ou une cicatrice par exemple.
L’hypotonie du nourrisson est généralement diagnostiquée à la naissance ou dans la petite enfance. Elle se manifeste par un relâchement musculaire chez le petit qui est alors incapable de garder les genoux ou les coudes pliés. Ce trouble peut également retarder les compétences motrices, la tenue de la tête et engendrer des difficultés d’alimentation. L’hypotonie peut être transitoire en cas de pathologie associée ou permanente.
Quels symptômes ?
L’hypotonie est plutôt un symptôme qu’une pathologie qui se traduit par un manque de tonus dans les muscles
Ce trouble peut se manifester par divers symptômes dont :
- Une parésie ( ou contraction incomplète d’une ou plusieurs muscles volontaires) musculaire ;
- Des mouvements anormaux, aussi appelés chorée ;
- Parfois, une impossibilité de maintenir une position, par exemple être debout ou assis ;
- Des difficultés dans les gestes du quotidien.
La survenue de certains signes doivent alerter : un déficit moteur qui s’aggrave rapidement, une dyspnée, une incapacité à soulever la tête contre la pesanteur, une perte de la marche, des difficultés de mastication ou d’élocution.
Lorsque le déficit moteur survient soudainement, en quelques minutes, il est souvent dû à un accident vasculaire ou à un traumatisme. Dans le cas d’un AVC, le déficit est généralement unilatéral. Une paralysie rapide peut aussi être provoquée par une compression de la moelle épinière.
Un déficit qui progresse sur plusieurs heures ou jours correspond à un processus pathologique, par exemple un syndrome de Guillain-Barré. En cas de progression plus lente, plusieurs semaines ou mois, on pense plutôt à une myasthénie ou une myopathie.
Diagnostic et traitement
Quel diagnostic ?
Le diagnostic d’hypotonie musculaire peut être évoqué dès la naissance lors d’un premier examen, ou plus tard lorsque les symptômes se manifestent.
Chez le nourrisson, le médecin interroge les parents sur d’éventuels antécédents de pathologies génétiques et procède à un examen complet du petit patient. Il analyse notamment son tonus au repos, on parle de tonus passif, et son tonus actif (mouvements contre la gravité). Des examens complémentaires (analyses sanguines, imagerie) peuvent être pratiqués pour identifier l’origine de l’hypotonie.
Chez l’adulte, l’hypotonie musculaire peut être observée lors d’un examen clinique classique ou lors d’un examen neurologique. Un électromyogramme (mesure de l’activité musculaire) permet de mettre en évidence une atteinte nerveuse dans les muscles. Des examens d’imagerie (scanner, IRM) peuvent également être prescrits.
En cas d’hypotonie oculaire, c’est la mesure de la pression intraoculaire qui permet de confirmer le diagnostic, notamment en cas de diminution soudaine de l’acuité visuelle ou après un traumatisme.
Lorsque l’hypotonie concerne les reins, c’est l’échographie qui est déterminante.
Quel traitement ?
La prise en charge d’une hypotonie est pluridisciplinaire et repose surtout sur le traitement des symptômes. L’équipe optimale est composée d’un pédiatre, d’un généticien, d’un kinésithérapeute, d’un orthophoniste, d’un psychologue et d’un diététicien. L’essentiel de la prise en charge consiste à prévenir les complications et de lutter contre les déficiences. A noter que le traitement peut varier selon l’origine du trouble, notamment en cas de pathologie associée.
La kinésithérapie représente une part importante de la prise en charge d’un patient hypotonique. Cette discipline permet de corriger la posture, la coordination et l’équilibre au moyen de diverses manipulations et exercices. En cas d’hypotonie du nourrisson, le suivi kinésithérapique est primordial afin de stimuler l’évolution motrice de l’enfant (retournements, position assise, 4 pattes, marche à genoux, etc.).
L’ergothérapie permet d’aider les patients à retrouver leur autonomie en cas de handicap. Elle est aussi utile aux enfants lorsque la faiblesse musculaire est trop invalidante au quotidien, en les empêchant par exemple de marcher, de parler ou de manger. L’ergothérapeute commence par évaluer l’environnement et les difficultés du patient afin de préconiser les aides matérielles et/ou humaines à mettre en place.
L’orthophonie est conseillée aux patients dont l’hypotonie concerne la bouche et la mâchoire. En effet, des exercices spécifiques permettent d’améliorer le langage et la respiration.
Enfin, lorsque l’hypotonie est permanente, un suivi psychologique est souvent nécessaire.
Les patients souffrant d’une pathologie associée à l’hypotonie, par exemple la myasthénie suivent un traitement spécifique au long court qui vise à soulager les symptômes de cette maladie dont l’hypotonie. En cas d’hypotonie rénale, une intervention chirurgicale peut être nécessaire.
Charline D., Docteur en pharmacie