Érythème infectieux


Rédigé par Estelle B. et publié le 1 mars 2017

Le mégalérythème ou érythème infectieux, plus communément appelé la cinquième maladie, est une maladie infantile éruptive liée à une infection virale. Bénigne dans la très grande majorité des cas, elle ne nécessite aucun traitement particulier, en dehors de médicaments pour soulager les symptômes et améliorer le confort de l’enfant.

Cette maladie représente toutefois un risque important pour les enfants souffrant de maladies hématologiques chroniques et pour les femmes enceintes.


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Érythème infectieux

Érythème infectieux : effet joues rouges

Les causes de l’érythème infectieux

L‘érythème infectieux est une maladie infantile due à l’infection par un virus, le parvovirus B19. Ce dernier pénètre dans l’organisme par les voies respiratoires (nez, bouche, gorge), avant d’envahir l’ensemble du corps.

La maladie touche généralement les enfants entre l’âge de 5 et 10 ans, provoquant des épidémies localisées, mais elle peut également survenir chez l’adulte. Elle est plus fréquente au printemps et en fin d’hiver.

L’érythème infectieux est une maladie contagieuse, qui se transmet essentiellement par les gouttelettes respiratoires (postillons, crachats, sécrétions nasales, salive). La contagiosité est maximale quelques jours avant l’apparition de l’éruption cutanée, avec un risque majoré en cas de contacts étroits et répétés. Par ailleurs, cette infection virale peut également se transmettre par deux autres moyens :

  • Par voie sanguine (plaie, transfusion sanguine) ;
  • Par voie materno-fœtale à travers le placenta.

 

Les symptômes de l’érythème infectieux

Les premiers symptômes de la maladie n’apparaissent que 18 à 20 jours après le contact avec le virus. Durant cette période, l’enfant peut parfois avoir des frissons ou ressentir des douleurs musculaires. La maladie se manifeste ensuite par une éruption cutanée caractéristique, qui évolue en trois stades :

  • Un érythème maculo-papuleux (coloration rouge de la peau associée à des boutons) au niveau des joues avec un aspect dit en « paire de claques » ou de « joues giflées » ;
  • Trois à quatre jours plus tard, des macules (boutons) rosées, à centre clair et coloration périphérique, apparaissent sur le tronc et les membres. Elles forment des plaques, dont la disposition prend la forme de « carte de géographie » ou de « dentelle ». Les macules sont légèrement prurigineuses (elles démangent) ou parfois purpuriques (très rouges avec un aspect hémorragique).
  • L’éruption disparaît en une dizaine de jours. Elle peut toutefois resurgir pendant plusieurs semaines ou mois, lors des expositions à la chaleur ou au soleil, ou encore après un exercice physique ou un stress émotionnel.

Chez les adultes, l’éruption est souvent localisée aux extrémités des membres, avec une répartition dite en « gants et chaussettes ». Outre l’éruption, la maladie s’accompagne d’une fièvre modérée (autour de 38°C) et de maux de tête. Chez les adolescents et les adultes, peuvent également survenir des douleurs articulaires, un gonflement des articulations et des douleurs abdominales.
Chez certains enfants ou adultes, l’infection peut passer totalement inaperçue, car elle ne provoque aucun symptôme particulier (formes asymptomatiques).

Infographie sur l'érythème infectieux
 

Les complications de l’érythème infectieux

L’érythème infectieux est une maladie bénigne dans la très grande majorité des cas, avec un risque exceptionnel de complication sous forme d’encéphalite aigüe (infection du cerveau). Néanmoins, cette infection peut s’avérer dangereuse chez certaines catégories de personnes, en particulier :

  • Les personnes atteintes de maladies chroniques hématologiques : le virus peut s’attaquer aux cellules de la moelle osseuse et bloquer transitoirement la production des cellules sanguines, provoquant une anémie sévère, une baisse des globules blancs et/ou des plaquettes.
  • Les personnes immunodéprimées: la maladie peut être plus sévère avec une anémie importante et durer plusieurs mois.
  • Les femmes enceintes: la contamination par le parvovirus B19 au cours de la grossesse peut entraîner des conséquences très graves pour le fœtus. Seule la moitié des femmes sont déjà immunisées. Au cours du premier trimestre, il existe un risque d’avortement spontané par mort fœtale. Au second et au troisième trimestres, l’infection peut provoquer un anasarque foeto-placentaire (anémie fœtale sévère associée à un œdème généralisé) mettant en jeu le pronostic vital du fœtus. Un traitement est alors possible, en transfusant de manière répétée le fœtus avec 10 à 100 ml de sang de donneur, avec une guérison dans 75% des cas. Le risque de mort fœtale en cas d’infection au cours de la grossesse varie de 5 à 9%, le risque étant majoré durant le second trimestre de la grossesse. En revanche, l’érythème infectieux n’entraîne pas de risques de malformations ou de handicaps mentaux.

À savoir ! Une anémie correspond à une diminution anormale du taux sanguin d’hémoglobine (protéine contenue dans les globules rouges et qui assure le transport de l’oxygène des poumons vers les cellules). Les anémies peuvent avoir des causes multiples (carence en fer ou en vitamine B12, maladie inflammatoire, dysfonctionnement de la moelle osseuse, maladie hématologique, hémorragie, …).

Le diagnostic de l’érythème infectieux

L’érythème infectieux ou 5ème maladie est une maladie encore largement méconnue. Son diagnostic est établi face aux symptômes caractéristiques présentés par l’enfant, et en particulier l’évolution typique de l’éruption cutanée. Chez les enfants en bonne santé, elle ne nécessite pas de consultation médicale, ni de prise en charge particulière. Les enfants guérissent spontanément en deux à trois semaines.

Les examens complémentaires sont généralement inutiles et ne sont réservés qu’aux personnes présentant des risques de complications. Le parvovirus B19 peut être détecté dans le sang par des techniques de biologie moléculaire. De même, des anticorps dirigés contre le virus peuvent également être mis en évidence et dosés dans le sang pour confirmer le diagnostic. Ces examens sont obligatoires en cas d’infection d’une femme enceinte, pour mettre en place une surveillance adaptée du fœtus (contrôles échographiques hebdomadaires pour dépister précocement une anasarque).

Le traitement de l’érythème infectieux

Maladie le plus souvent bénigne, le traitement de l’érythème infectieux n’est pas systématique. Seuls des médicaments pour soulager les symptômes sont indiqués, par exemple le paracétamol pour atténuer la fièvre et les douleurs, ou des antihistaminiques pour calmer les démangeaisons.

Chez les enfants présentant des risques de complications, un traitement d’immunothérapie peut être prescrit. Il consiste à injecter des anticorps dirigés spécifiquement contre le virus pour limiter la propagation de l’infection.

La prévention de l’érythème infectieux

Il s’agit d’une maladie contagieuse qui n’implique pas une éviction scolaire. En effet, la maladie est généralement bénigne et la période la plus contagieuse est celle précédant l’apparition de l’éruption cutanée.

Des précautions sont néanmoins nécessaires pour les femmes enceintes et pour les enfants présentant des risques de complications. Ils doivent être informés dès que possible de la survenue d’un cas au sein d’une collectivité.

Dans tous les cas, des mesures d’hygiène sont nécessaires pour limiter la propagation de l’infection à l’entourage :

  • Un lavage soigneux des mains ;
  • Le lavage des objets, du linge et des surfaces potentiellement souillées ;
  • L’utilisation de mouchoirs jetables à usage unique ;
  • Le port de gants jetables pour soigner une plaie ;
  • La restriction des contacts étroits au sein de la fratrie ;
  • L’absence de fréquentation des lieux publics (magasins, transports en commun).

Estelle B., Docteur en Pharmacie

– Assurance maladie. Guide pratique. Collectivités de jeunes enfants et maladies infectieuses. 2009. 44 pages.
– Université Médicale Virtuelle Francophone. Maladies éruptives de l’enfant. 2010-2011.
– Université Médicale Virtuelle Francophone. Exanthème. 2010-2011.
– J-P. Carrière. Maladies éruptives de l’enfant. Version 2011.
– Manuel MSD. Erythème infectieux. 2015.