Symptômes à surveiller : quand les calculs biliaires deviennent dangereux

Par |Publié le : 5 novembre 2025|Dernière mise à jour : 30 octobre 2025|4 min de lecture|

Souvent découverts par hasard, les calculs biliaires passent inaperçus chez la majorité des patients. Mais lorsqu’ils se déplacent ou bloquent les voies biliaires, ils peuvent devenir redoutables. Douleurs aiguës, fièvre, jaunisse… ces signaux doivent alerter. Le Pr Emmanuel Coron, hépato-gastro-entérologue au CHU de Nantes, explique comment reconnaître les signes d’alerte et quand consulter sans tarder.

Les calculs biliaires se forment dans la vésicule ou les canaux biliaires à partir d’un liquide normalement fluide : la bile. Ce phénomène, fréquent, correspond à une sorte de cristallisation. « La bile est normalement un liquide qui aide à la digestion. Le calcul biliaire, c’est un élément solide et mobile, une sorte de grumeau formé à partir de la bile », décrit le Pr Coron. Ces concrétions peuvent être composées soit de cholestérol, soit de bilirubine de calcium.

Le phénomène est courant : environ 15 % de la population adulte est concernée, et jusqu’à 30 % des plus de 60 ans. « C’est la principale cause d’hospitalisation pour les maladies digestives », souligne le spécialiste. Heureusement, la majorité des cas passent inaperçus : « Près de 80 % des calculs sont asymptomatiques et découverts par hasard, lors d’une échographie ou d’un autre examen réalisé pour une autre raison. »

Ces calculs peuvent être uniques ou multiples, de la taille d’un grain de sable à celle d’une bille. Mais tant qu’ils restent silencieux, aucune intervention n’est nécessaire. « Il ne faut rien faire, simplement informer les patients et surveiller l’éventuelle apparition de symptômes », précise le médecin.

Les signes qui doivent alerter

Lorsque le calcul devient mobile et bloque un canal, il provoque une colique hépatique. « C’est une douleur très brutale, très intense, comme un coup de poignard dans la partie supérieure de l’abdomen, souvent à droite ou irradiant dans le dos », explique le Pr Coron. Ces crises sont le signe que le calcul bouge ; elles justifient des examens et, souvent, une ablation de la vésicule biliaire à distance de l’épisode.

Les petits calculs sont les plus dangereux : « Ils risquent de migrer et de se coincer », avertit-il. Leur déplacement peut obstruer la vésicule (cholécystite), la voie biliaire principale (angiocholite) ou encore le canal pancréatique, provoquant une pancréatite aiguë. « L’angiocholite et la pancréatite sont des maladies potentiellement mortelles », rappelle le médecin. Ces complications ne surviennent pas en quelques heures : elles résultent d’une bile infectée qui stagne plusieurs jours dans les canaux biliaires.

Quand et comment intervenir

Face à des douleurs intenses, une fièvre ou une jaunisse, la consultation médicale s’impose. « Le premier interlocuteur, c’est le médecin traitant (ou les urgences selon la gravité de l’état du patient), qui demandera une prise de sang et une échographie », explique le Pr Coron. L’échographie, simple et non invasive, détecte les calculs dans 94 % des cas et permet de confirmer leur nature. Si besoin, une IRM biliaire complète le diagnostic.

En urgence, lorsque le canal biliaire est bloqué, une endoscopie permet de retirer les calculs. « Sous anesthésie générale, le gastroentérologue introduit une caméra par la bouche jusqu’à la sortie du canal biliaire, et l’on extrait les calculs à l’aide de petits instruments », détaille le spécialiste.
Une fois l’infection maîtrisée, on procède à la cholécystectomie, l’ablation de la vésiculebiliaire. « Elle est aujourd’hui réalisée par un chirurgien en cœlioscopie, souvent en ambulatoire, et permet d’éviter les récidives. »

Les traitements médicamenteux ne sont pas efficaces : « Il n’existe pas de médicament capable de dissoudre les calculs, sauf dans de très rares situations, notamment certaines maladies génétiques », précise-t-il.

Des complications parfois sévères

Sans traitement, certaines formes peuvent se compliquer gravement. « L’angiocholite expose à un risque de septicémie, surtout chez les personnes âgées ou fragiles. La pancréatite, elle, peut nécessiter des semaines d’hospitalisation, avec des risques d’infection ou d’hémorragie », décrit le Pr Coron. Ces situations imposent une prise en charge rapide et multidisciplinaire.

Pour autant, une intervention n’est pas systématique : « Opérer tous les patients porteurs de calculs asymptomatiques créerait plus de risques que de bénéfices », explique-t-il. Le plus souvent, un simple suivi et une information claire suffisent.

Prévenir plutôt que guérir

Certains facteurs de risque ne peuvent être évités – l’âge ou le sexe féminin, par exemple – mais d’autres dépendent du mode de vie. « Le surpoids, la sédentarité, le diabète ou les régimes amaigrissants rapides augmentent le risque de calculs », indique le spécialiste. Les jeûnes prolongés, très en vogue, ne sont pas anodins : « Un amaigrissement rapide peut favoriser leur formation. »

Pour prévenir leur apparition, le Pr Coron recommande une alimentation équilibrée et modérée en graisses, le maintien d’un poids stable et une activité physique régulière. Il insiste enfin sur la vigilance : « Si vous ressentez une douleur abdominale violente ou une fièvre inexpliquée, consultez rapidement. Un calcul biliaire silencieux peut devenir dangereux en quelques heures. »

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Peggy Cardin
Peggy Cardin
Journaliste spécialisée en santé
Peggy Cardin-Changizi Journaliste spécialisée en santé depuis plus de vingt ans. Elle traite des sujets de prévention, de santé publique et de médecine au quotidien, avec pour objectif de rendre l'information médicale claire, fiable et accessible à tous. Rédige un contenu scientifique fiable avec des sources vérifiées en respect de notre charte HIC.