Adénopathie


Rédigé par Estelle B. et publié le 6 novembre 2020

des vaisseaux sanguins et lymphatiques

Les adénopathies correspondent à un gonflement pathologique d’un ou plusieurs ganglions du système lymphatique, l’un des principaux moyens de défense de l’organisme. Certaines causes sont fréquentes et bénignes, tandis que d’autres sont rares, mais graves. Les caractéristiques et les symptômes associés à l’adénopathie sont donc déterminants pour le diagnostic et la prise en charge des patients.

Définitions et symptômes

Qu’est-ce que l’adénopathie ?corps humain avec les vaisseaux lymphatiques mis en évidence

Une adénopathie se définit comme une augmentation de la taille d’un ganglion lymphatique (le diamètre du ganglion doit être supérieur à 1 cm pour être considéré comme anormalement gonflé). Le ganglion touché devient dur, parfois douloureux et/ou enflammé. Les ganglions touchés peuvent être superficiels ou profonds.

À savoir ! Les ganglions constituent l’un des éléments du système lymphatique, avec les vaisseaux lymphatiques, la moelle osseuse, la rate, le thymus et les autres tissus lymphoïdes. Les ganglions lymphatiques sont des petits amas cellulaires, en forme de haricot, situés sur le trajet des vaisseaux lymphatiques et qui filtrent le liquide lymphatique (ou lymphe). Ils se situent un peu partout dans l’organisme, sous forme de grappes sous la peau au niveau du cou, sous les bras et au niveau de l’aine. Avec le reste du système lymphatique, ils constituent l’un des principaux mécanismes de défense du corps contre les infections et les tumeurs. Ils participent à la production, à la maturation et à la différenciation des lymphocytes (globules blancs). Ils drainent également certains tissus, en jouant le rôle de barrière ou de filtre vis-à-vis des micro-organismes, des cellules inflammatoires ou tumorales.

Souvent inquiétantes pour les patients, les adénopathies peuvent avoir de multiples causes, certaines fréquentes et totalement bénignes, d’autres plus rares et beaucoup plus graves. Elles peuvent survenir à tous les âges de la vie, de la petite enfance jusqu’à un âge avancé. Les causes les plus fréquentes d’adénopathies sont généralement les plus bénignes, par exemple :

D’autres causes, plus rares, sont graves, telles que :

  • Une tumeur solide, par exemple un cancer du sein, du col de l’utérus ou encore un cancer digestif : le ganglion lymphatique concerné est alors souvent le plus proche du lieu de développement de la tumeur. L’adénopathie est généralement considérée comme un facteur aggravant dans le diagnostic du cancer ;
  • Une leucémie aiguë ou un lymphome, en particulier un lymphome de Hodgkin (cancer des ganglions lymphatiques) souvent associés à un gonflement de plusieurs ganglions ;
  • Une infection par le VIH, la tuberculose ou d’autres infections ;
  • Des pathologies auto-immunes inflammatoires.

Parfois, aucune cause n’est retrouvée pour expliquer l’origine du gonflement d’un ganglion. Les médecins parlent alors d’adénopathie idiopathique.

Quels symptômes ?

Parfois, seul le ganglion est enflé et ne provoque aucun symptôme particulier. Mais il peut aussi être associé à une multitude de symptômes.

Les adénopathies peuvent se présenter sous différentes formes selon les circonstances cliniques :

  • Une adénopathie isolée (touchant un seul ganglion lymphatique) ou une polyadénopathie (plusieurs ganglions lymphatiques sont touchés) ;
  • Le ganglion concerné peut être mou ou dur ;
  • Des douleurs au niveau du ou des ganglions gonflés ;
  • Des signes d’inflammation au niveau des ganglions :
    • Une rougeur de la peau au niveau du ganglion concerné ;
    • Une sensation de chaleur au toucher ;
    • Une sensibilité douloureuse au toucher ;
  • Des signes généraux :
    • Une fièvre ;
    • Des signes ORL (écoulement nasal, mal de gorge, nez bouché, éternuements, …) ;
    • Des douleurs articulaires ;
    • Une éruption cutanée ;
    • Une altération de l’état général (fatigue, amaigrissement, …).

À savoir ! Les médecins utilisent plusieurs termes médicaux pour décrire les adénopathies. La lymphadénopathie désigne des ganglions lymphatiques enflés. La lymphadénite désigne des ganglions lymphatiques enflés et présentant des signes d’inflammation. L’adénite se définit comme l’inflammation du tissu qui entoure les ganglions lymphatiques. La traînée lymphangitique est une rougeur le long du trajet des veines et des vaisseaux lymphatiques

Parfois, les patients ne perçoivent pas directement que l’un des ganglions lymphatiques est enflé. Ils ne ressentent que les symptômes associés et le médecin constate l’adénopathie au moment de la consultation.

Diagnostic et traitements

Quel diagnostic ?Une médecin qui ausculte le cou d'une patiente

La découverte d’une adénopathie ne requiert pas nécessairement un avis médical. En revanche, il faut impérativement consulter dans l’une des situations suivantes :

  • Le ganglion lymphatique touché est très douloureux et/ou suppure (écoulement de pus ou de lymphe) ;
  • Si les symptômes associés à l’adénopathie persistent plus de quelques jours ou s’aggravent brutalement ;
  • Si la personne présente un facteur de risque (accident d’exposition au sang, griffure de chat ou de gibier, morsure de rat, …).

La consultation médicale a pour objectif de rechercher l’origine de l’adénopathie. Grâce à la palpation des ganglions, le médecin détermine tout d’abord les caractéristiques de l’adénopathie (nombre de ganglions atteints, localisation, taille et consistance du ganglion, état de la rate, symptômes associés, antécédents médicaux, …). Il effectue également un examen clinique complet. L’âge du patient est un critère important à prendre en compte, car certaines causes d’adénopathie concernent principalement les adolescents et les jeunes adultes. De même, la localisation de l’adénopathie peut permettre au médecin de s’orienter préférentiellement vers certaines causes.

En fonction de la cause suspectée, le médecin peut prescrire différents examens complémentaires pour établir le diagnostic :

  • Des examens sanguins (numération formule sanguine et formule leucocytaire, recherche de marqueurs de l’inflammation) ;
  • Des analyses sanguines sérologiques pour rechercher certaines infections, comme la toxoplasmose, la mononucléose infectieuse ou la syphilis;
  • Des analyses sanguines pour rechercher certaines pathologies auto-immunes, par exemple le lupus érythémateux disséminé;
  • Une radiographie thoracique pour visualiser les chaînes ganglionnaires profondes (adénopathies profondes), qui ne sont pas perçues à la palpation ;
  • Une ponction du liquide contenu dans le ganglion pour identifier un éventuel agent pathogène ;
  • Une biopsie des ganglions lymphatiques en cas de suspicion de cancer;
  • Un myélogramme (analyse des cellules de la moelle osseuse) en cas de suspicion de leucémie.

À savoir ! Certaines affections peuvent être confondues avec une adénopathie. Par exemple, au niveau de la zone cervicale, une adénopathie cervicale peut être confondue avec :

  • Une glande salivaire ;
  • Un anévrysme carotidien ;
  • Un kyste épithélial branchial ;
  • Une tumeur de la glande thyroïde.

Quels traitements ?

Le traitement de l’adénopathie repose principalement sur le traitement de son origine. Une infection nécessite la mise en place d’un traitement anti-infectieux :

  • Un traitement antibiotique en cas d’infection bactérienne ;
  • Un traitement antiviral en cas d’infection virale ;
  • Un traitement antiparasitaire en cas d’infection parasitaire.

Dans le cas des causes plus graves, comme les cancers solides, les leucémies et les lymphomes, une ou plusieurs thérapies anticancéreuses (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, immunothérapie, …) sont mises en place selon la nature de la tumeur, sa localisation et son stade de gravité.

À savoir ! En cas d’adénopathie d’origine cancéreuse, un curage ganglionnaire (ou lymphadénectomie) peut être pratiqué. Il s’agit d’une intervention chirurgicale consistant à enlever un ou plusieurs ganglions d’une région ganglionnaire. Cette intervention permet de retirer des ganglions lymphatiques qui contiennent des cellules cancéreuses ou d’autres ganglions lymphatiques, lorsque le risque de propagation tumorale est élevé

Les adénopathies idiopathiques disparaissent généralement d’elles-mêmes, sans traitement, en quelques jours à quelques semaines. Dans tous les cas, un traitement par des médicaments corticoïdes ne doit jamais être envisagé sans connaître la cause exacte d’une adénopathie.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Les adénopathies. Optipharm. Consulté le 04 novembre 2020.
– Docteur, j’ai un ganglion. Med Suisse . Consulté le 04 novembre 2020.

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