Etudes scientifiques et spécialistes ne cessent de vanter les bienfaits du sport et de l’activité physique sur la santé. Mais que deviennent ces effets, lorsque l’activité physique est pratiquée dans un contexte de pollution ? Selon une récente étude parue dans la revue médicale internationale The Lancet, la pratique de la marche dans des rues polluées serait plus délétère que bénéfique.
Le sport chez les séniors
Les effets positifs de la pratique régulière d’une activité physique sont multiples :
- Une protection contre les maladies cardiovasculaires, par exemple l’infarctus du myocarde, l’hypertension artérielle, l’accident vasculaire cérébral ou l’angine de poitrine ;
- Une diminution des risques de certains cancers, comme le cancer de la prostate, du côlon ou du sein ;
- Une meilleure régulation de la glycémie (taux de glucose dans le sang) associée à une réduction du risque de diabète ;
- Une protection contre le surpoids et l’obésité ;
- Une réduction du stress, de l’anxiété et de la dépression ;
- Une diminution des problèmes de dos et de l’ostéoporose .
Comme pour toutes les catégories de population, le sport est bénéfique pour les séniors, qui sont incités à pratiquer une activité physique régulière. Plusieurs études ont mis en évidence que le sport régulier pouvait allonger l’espérance de vie. De plus, il améliore les capacités fonctionnelles, permettant de prolonger l’autonomie des séniors.
Evidemment, l’activité physique doit être adaptée à l’âge, à la condition physique et à l’état de santé du sénior. Les sports développant l’endurance sont à privilégier, tels que la marche, la natation, le vélo, le golf ou encore l’aquabiking (pédaler sur un vélo sans roues, fixé au fond d’un bassin).
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Quid de la marche dans une rue polluée ?
La marche à pied figure en bonne place des activités physiques recommandées chez les séniors. Mais ces bénéfices sont-ils identiques quel que soit le lieu ? La marche reste-t-elle bénéfique dans une zone polluée ? Des chercheurs londoniens se sont penchés sur ces questions au travers d’une étude menée dans une rue particulièrement polluée du centre de Londres.
L’étude a porté sur 119 personnes, âgées de plus de 60 ans, réparties aléatoirement en deux groupes :
- Un groupe a marché 2 heures sur Oxford Street, une rue particulièrement polluée du centre-ville de Londres ;
- Un groupe a marché 2 heures dans Hyde Park, le plus grand parc du centre-ville londonien.
L’ensemble des participants s’est abstenu de fumer pendant les 12 mois de l’étude. Sur les 119 participants :
- 40 étaient des volontaires en bonne santé ;
- 40 étaient atteintes de BPCO stable (Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive contrôlée par les traitements) ;
- 39 étaient atteintes d’une maladie coronarienne stable.
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La pollution à l’encontre des bienfaits du sport
Les résultats de l’étude mettent en évidence que la marche dans un environnement non pollué est bénéfique pour l’ensemble des participants, avec une amélioration notable des fonctions respiratoire et vasculaire, jusqu’à 26 heures après l’exercice. En revanche, la promenade dans une rue polluée n’offrait pas de tels bénéfices. Les patients atteints de BPCO étaient les plus touchés, avec une nette aggravation de leurs symptômes (toux, difficultés respiratoires, …). Les moins impactés sur le plan cardiovasculaire étaient les participants déjà traités pour une maladie coronaire.
Les auteurs de l’étude conseillent ainsi aux personnes âgées de se rendre à l’extérieur de la ville ou dans un parc pour marcher et profiter pleinement des bénéfices d’une telle activité physique. Chez les séniors, il est recommandé de marcher au minimum 30 minutes par jour, et ce 3 à 4 fois par semaine. Mais la marche dans une zone polluée pourrait s’avérer plus dangereuse que bénéfique, surtout chez les personnes ayant des problèmes respiratoires.
Il serait intéressant d’élargir ce type d’études à d’autres sports et d’autres catégories de population pour mieux cerner l’impact de la pollution sur les bienfaits santé de l’activité physique. Cette étude souligne également la nécessité de solutions radicales pour améliorer la qualité de l’air dans les grandes villes.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie